Davina… Quelle déesse! Inaccessible sur son Olympe. Pas pour les autres, hélas. Mais bon, Rafaello s’en est fait une raison. Alors, quand la belle téléphone pour lui demander un petit service, bien sûr, il fonce ! Sauf que le coup de pouce dont il est question, c’est balancer un cadavre dans un ravin. Et quand on lui dit non, la douce Davina se transforme en démon !
Moi, j’adore Sébastien Japrisot.
Rien à voir, me direz-vous. Ah mais si, quand même. Rien que le titre me donne le sourire. Je me rappelle la jolie Dany au volant de la somptueuse Thunderbird. Bien loin de ce benêt de Rafa avec sa Berlingo toute déglinguée. Et puisque « La dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil » c’est l’histoire d’une machiavélique machination, j’imagine que Bruno Dinant va nous en servir une parodie et que notre pigeon de Rafa sera le jouet de la perverse Davina.
Très vite, je me suis laissé embarquer dans la Berlingo. Bon. La place était un peu exiguë avec ce cadavre enroulé dans une couverture dont Rafa ne sait comment se débarrasser. C’est lui qui raconte. On ne sait donc pas si on peut lui faire confiance, d’autant que, sous ses airs d’adolescent attardé, encore toujours amoureux de « la belle Davina. Ou la garce de Davina », va savoir, qui, tout en sanglotant, lui raconte une histoire cousue de fil blanc, se cache un être retors, capable de manigancer des plans assez tordus !
Il a l’air un peu stupide de prendre pour argent comptant les promesses de l’enjôleuse. Il garde pourtant très frais le souvenir cuisant de cette excursion scolaire, au cours de laquelle tous les garçons s’évertuaient à composer des bouquets pour leur dulcinée qui minaudait. Rafa, lui, constate, dépité, que « ce n’était pas les fleurs que je lui offrais qui rencontraient le plus souvent ses faveurs. » Alors, pourquoi accepte-t-il l’idée de se compromettre ? Pour ce baiser de Judas, « comme un simple effleurement » à vrai dire, qui lui a fait tourner la tête ? Bien entendu, un peu plus tard, lorsqu’il redescend sur terre, il se rend bien compte qu’il a foncé les yeux fermés dans les filets de la traîtresse. Plus moyen de faire machine arrière Elle le tient !
Mais à malin, malin et demi. Sous les apparences se cachent des personnalités bien différentes de ce qu’elle laissaient supposer au premier abord.
Certes, la vraisemblance n’est guère respectée. Cependant, on est pris, le temps de la lecture, dans les rebondissements de l’intrigue dont on se demande jusqu’où ils vont pouvoir nous mener.
Me promener dans des endroits que je connais, tels Wavre ou Louvain-la- Neuve, n’est pas pour me déplaire. Quant à ce « bois de la Cambrière », à mon avis, c’est le cousin de celui de la Cambre.
L’atmosphère villageoise est bien rendue et prête à sourire ou même à rire. Pas moyen d’être tranquille. Rafa est espionné, harcelé, voire tyrannisé par la voisine, l’affreuse Madame Piquedouille, qui, semble-t-il, n’a rien de mieux à faire que de l’observer « jour et nuit. Tout le temps. » Et pas question de l’envoyer sur les roses. Rafa vit dans la demeure de sa défunte grand-mère, mais son père le prévient : « si tu veux garder la maison, tu ménages la vieille Piquedouille », la fidèle amie de Bonne-Maman. Aussi, lorsqu’il voit « passer sa tête grisonnante au-dessus de [la] haie qui fait au moins deux mètres de haut » pour l’interpeller, il ne s’agit pas de répondre : « ça ne te regarde pas, vieille taupe. Casse-toi de ton escabelle et fous-moi la paix. »
Cette mêle-tout doit être la soeur de ma voisine qui arrêtait mon mari de retour du travail, pour lui raconter ma journée et surtout les visites (masculines, de préférence) que j’avais reçues ! Et ce n’est pas terminé. Aujourd’hui, plus de vingt ans après, elle détaille à ma sœur les travaux que nous avons fait réaliser ou le nombre de plantes repiquées dans les parterres. Par contre, elle n’a pas encore songé à m’empêcher de partir en s’allongeant « de tout son long sur mon capot. »
Le récit est donc truffé d’humour et certains passages ou répliques m’ont fait éclater de rire, ce qui n’est pas si fréquent et fait du bien.
J’ai donc passé un très bon moment avec Rafaelo, Marie, Davina, le commissaire Castelain et, bien évidemment, Madame Piquedouille.
Merci à Vinciane et Sidonie qui m’ont envoyé ce livre.